"J'ai pensé que le gamin était maltraité, j'y ai pensé très vite, peut-être pas les premiers jours mais pas longtemps après la rentrée, c'était quelque chose dans sa façon de se tenir, de se soustraire au regard, je connais ça, je connais ça par cœur, une manière de se fondre dans le décor, de se laisser traverser par la lumière. Sauf qu'avec moi, ça ne marche pas."

Théo, enfant du divorce, entraîne son ami Mathias sur des terrains dangereux. Hélène, professeur de collège à l'enfance violentée, s'inquiète pour Théo : serait-il en danger dans sa famille ? Quant à Cécile, la mère de Mathis, elle voit son équilibre familial vaciller, au moment où elle aurait besoin de soutien pour protéger son fils. Les loyautés sont autant de liens invisibles qui relient et enchaînent ces quatre personnages.

Appréciant particulièrement la plume de Delphine de Vigan, j'étais ravie de tomber sur son dernier roman dans la bibliothèque à côté de chez moi. Je n'avais pas du tout entendu parler de ce nouveau livre, je me suis donc lancée dans Les loyautés sans aucun apriori ! Au final, c'est un roman que j'ai lu rapidement (il faut dire qu'il est court), que j'ai apprécié mais dont je ne garderai pas un souvenir mémorable.

Les loyautés, c'est l'histoire de plusieurs loyautés qui se croisent et se recroisent. Professeur de collège, Hélène s'inquiète de plus en plus pour Théo, un jeune ado de 12 ans. Il est présent en classe sans vraiment être là. Il faut dire que Théo n'a pas la vie facile avec ses parents divorcés, qui se détestent. Il plonge progressivement dans une grande détresse, entraînant avec lui Mathis, son meilleur ami. Ce dernier est prêt à tout pour soutenir Théo mais sa mère, Cécile, ne voit pas cette amitié d'un très bon œil. Tous ces personnages vont devoir faire face à leurs démons et accepter l'aide des autres pour s'en sortir.

"Un jour, il aimerait perdre conscience, totalement.

S'enfoncer dans le tissu épais de l'ivresse, se laisser recouvrir, ensevelir, pour quelques heures ou pour toujours, il sait que cela arrive."

Les personnages de ce roman sont tous touchants à leur façon. Hélène est une femme que j'ai trouvée admirable : peut importe les embûches et les réactions de ses collègues, elle suit son instinct et ne laisse pas tomber Théo. Son enfance l'a profondément traumatisée et elle refuse d'abandonner ce pauvre petit, quasiment livré à lui-même. Théo m'a fait beaucoup de peine, être si jeune et déjà si perdu… Il faut dire qu'il n'est pas vraiment gâté, entre une mère hargneuse et un père alcoolique, complètement à la dérive. C'est un enfant qui s'occupe de ses parents et évidemment, ce n'est pas la logique des choses. Mathis est lui aussi un garçon attendrissant. Son amitié pour Théo est sincère et touchante. Malgré les doutes et les peurs qui l'assaillent, il ne lâche jamais son copain. Si tous ces personnages m'ont touchée comme je l'ai précédemment dit, j'ai eu du mal à véritablement m'attacher à eux. Les chapitres qui leur sont dédiés étaient trop courts pour que je puisse vraiment apprendre à les connaître.

L'histoire fait tout de même froid dans le dos. C'est horrible d'assister à la descente aux enfers d'un enfant si jeune, sans rien pouvoir faire. Delphine de Vigan s'attaque à des problèmes qui peuvent toucher n'importe qui. Sa plume est percutante et réaliste. A plusieurs moments, j'aurais voulu plonger dans l'histoire et aider ces personnages à la dérive. Les différentes loyautés en jeu dans le roman nous montrent que parfois, la loyauté est difficile à assurer. Ce livre nous interroge sur cette loyauté : doit-on être loyal à tout prix, quitte à laisser notre proche en danger ? Peut-on "trahir" notre proche pour essayer de l'aider ? Il est difficile de répondre à ces questions, les réponses dépendent de chaque cas. Mais ça nous montre que dans la vie, chaque situation est différente et qu'il est difficile de juger les autres quand on n'est pas au cœur du problème.

"Les mots l'abîment, c'est un ultrason insupportable, un effet Larsen qui lui seul semble entendre, une fréquence inaudible qui déchire son cerveau."

Les loyautés est donc un roman qui m'a plu mais j'aurais vraiment aimé qu'il soit plus long car je suis un peu restée sur ma faim. La dernière page m'a déçue, je n'étais pas satisfaite de la fin. Néanmoins, l'écriture de Delphine de Vigan est toujours un plaisir pour moi et je continuerai à lire ses futurs romans !