Quand mon père est ressorti du commissariat, il avait l'air perdu. Il m'a pris dans ses bras et s'est mis à pleurer. Un court instant j'ai pensé : ça y est, on y est. Léa est morte.
Puis il s'est écarté et j'ai vu un putain de sourire se former sur son visage. Les mots avaient du mal à sortir. Il a fini par balbutier : "On l'a retrouvée. Merde alors. On l'a retrouvée. C'en est fini de ce cauchemar."
Il se trompait. Ma sœur serait bientôt de retour mais nous n'en avions pas terminé.
La tête sous l'eau est un roman qui a beaucoup fait parler de lui à sa sortie. Il m'intriguait également, surtout que j'avais aimé la plume d'Olivier Adam dans Je vais bien, ne t'en fais pas. Lorsque je suis tombée dessus à la bibliothèque, je n'ai pas hésité à l'emprunter. Comme je m'y attendais, j'ai passé un excellent moment avec ce roman. Je l'ai d'ailleurs lu très rapidement tant il m'a captivée.
Après avoir longtemps vécu à Paris, les parents de Léa et Antoine, deux adolescents, décident de déménager en Bretagne, dans un village appelé Saint-Lunaire. Si Antoine apprécie cette nouvelle vie bretonne, ce n'est pas le cas de Léa. Sa relation avec ses parents se dégrade et elle devient de plus en plus mystérieuse. Alors qu'elle se rend dans un festival de musique avec son oncle, elle disparaît brutalement. A-t-elle fugué ? A-t-elle été enlevée ? La famille plonge alors dans un cauchemar durant de longs mois. Tandis que l'espoir de retrouver Léa s'amenuit de plus en plus, elle réapparaît. Mais les retrouvailles et la quête de vérité s'annoncent compliquées : la famille est-elle prête à entendre Léa ?
"Elle était ma mère après tout. Elle lisait en moi comme dans un livre. Du moins, c'est ce qu'elle aimait croire et dire."
Le narrateur de cette histoire est Antoine, le petit frère de Léa. J'ai beaucoup aimé le fait d'avoir l'histoire à travers les yeux de ce garçon. Sa sensibilité m'a touchée. Il croit dur comme fer que sa sœur reviendra un jour. Et heureusement qu'il est là pour garder espoir. Léa m'a elle aussi touchée. Elle m'a même bouleversée dans la seconde partie du roman, lorsqu'elle réapparaît. Sa parole est essentielle et fait réaliser plein de choses au lecteur. Les parents sont aussi joliment travaillés. On voit à quel point un drame peut séparer deux êtres, qui pensaient s'aimer toute leur vie.
Bien que triste, l'intrigue m'a énormément plu. La plume d'Olivier Adam y est pour quelque chose. Il fait passer à merveilles les émotions et passions des personnages. Sans rentrer dans le mélodramatique, l'auteur a une écriture juste et poignante. La tournure que prend l'histoire après la réapparition de Léa m'a convaincue. On se focalise sur Léa, la victime. Et c'est tellement rare. C'est si peu commun de se concentrer sur la victime, ses sentiments, sa guérison. C'est également intéressant de voir les réactions de ses proches. Entre culpabilité et curiosité malsaine, tout le monde ne réagit pas pareil face à l'horreur de l'espèce humaine.
"On ne peut pas tout aimer pareil. Du moment qu'on s'aime pareil, toi et moi."
La tête sous l'eau est donc un roman qui m'a profondément émue et qui m'a provoqué des frissons. Je l'ai lu quasiment d'une traite tant j'étais prise dans l'histoire, aux côtés de Léa et d'Antoine. C'est aussi un roman qui peut faire peur, il nous aide à réaliser que le pire peut se dérouler, même dans un coin supposé tranquille. Le mal n'est pas forcément là où on l'attend. Si ce n'est pas déjà fait, je vous recommande grandement de lire ce livre, il est court et il existe en version poche. Plus d'excuses !