« Paupières closes coupées au canif, lèvres parfaitement dessinées, l’air imperturbable. Royal même. Au début, elle a cru qu’il lui plaisait, ce petit. Seulement voilà, cinq mois plus tard, elle a changé d’avis. Ça arrive à tout le monde, non ? Elle voudrait le rapporter à la maternité. Qui n’a un jour pas rendu ou renvoyé la chemise, le pantalon, le pull, la ceinture ou les chaussures qu’il venait d’acheter ? »

Que fait cette tache, noire, dans le cou de son bébé ? On dirait qu’elle s’étend, pieds, mains, bras, visage. Mais pourquoi sa peau se met-elle à foncer ? Ce deuxième enfant ne ressemble pas du tout à celui qu’elle attendait. Aucun doute, il y a un loup quelque part. 

Un loup quelque part est un roman sur lequel je suis tombée complètement par hasard à la médiathèque et qui m’a intriguée pour son résumé : je me suis imaginée que l’histoire traiterait d’une maternité hors des sentiers battus. Je ne me suis effectivement pas trompée, ça a même été au-delà de ce que j’avais imaginé ! Clairement, l’histoire m’a horrifiée et mise mal à l’aise à certains moments.

La narratrice de ce roman est une femme dont nous ne connaîtrons jamais le prénom. Elle a deux enfants, Esther 8 ans et Alban, 5 mois. Un jour, lors d’une visite de routine chez le médecin, elle découvre un grain de beauté dans le cou de son fils. Puis, le lendemain, elle découvre d’autres taches sur le corps du petit. Les jours passent et les taches sont de plus en plus nombreuses et grandes. Cela finit par devenir clair pour la mère : la peau de son fils est train de foncer. Elle découvre alors un lourd secret de famille et sa vie bascule dans une forme d’enfer où elle rejette totalement son fils métisse.

« Non, ce qui l'assomme et la dévaste, c'est l'incompréhension et la peur. La peur inavouable de ne pas réussir à aimer cet enfant, ce bébé à la couleur non identifiée, qui n'a rien à voir, mais alors rien du tout avec celui qu'elle désirait. »

Cette maman, qui semble si normale au début du roman, m’a fait peur très rapidement. Elle perd totalement pied en découvrant le secret familial. Elle rejette complètement son fils, si petit, qui n’est en aucun cas responsable des erreurs des adultes. Amélie Cordonnier nous fait rentrer dans le profondément intime de cette mère, c’est à la fois effrayant, dérangeant et fascinant. J’avais terriblement envie d’aider cette femme complètement perdue, au bord du gouffre. Ça me faisait mal de la voir souffrir mais je ressentais également une grande colère pour elle, pour son comportement absurde avec son enfant.

L’écriture de l’autrice est tranchante, crue, poignante. Amélie Cordonnier ne fait pas dans la dentelle, elle dit les choses comme elles sont, que ça choque ou non. Elle montre avec brio comment une descente en enfer est vite arrivée lorsque l’on se sent trahi. Comme je le disais en introduction, certains passages m’ont choquée. C’est parfois à la limite du supportable. Mais quel courage d’écrire sur ce sujet, celui d’une maternité brisée. L’instinct maternel, si ancré dans nos sociétés, est loin d’être instinctif, justement. Cette écriture puissante et pleine m’a vraiment dérangée à certains moments, mais c’est aussi une force du roman. On a réellement l’impression d’être dans la tête de la narratrice, de sombrer dans sa folie.

« L’amour ne lui vient pas. C’est comme si elle l’avait perdu. On peut perdre l’appétit et même ses esprits. Alors pourquoi pas l’amour ? »

Un loup quelque part est une lecture qui m’a sortie de ma zone de confort et qui m’a fait ressentir de nombreuses émotions. Même en sachant que ce qui arrivait à la narratrice était terrible, je n’ai pas pu m’empêcher de la juger et d’être horrifiée par ses actes. L’écriture crue et froide a accentué mon rejet pour cette mère. C’est un roman dur, fort, qui ne laisse pas indemne ! Malgré un sentiment mitigé, je pense lire dans quelques temps le premier roman de cette autrice, dont le sujet m’intéresse grandement.

Izzy est une fée de la pâtisserie. Elle a passé son enfance dans la boulangerie de son grand-père, et a indéniablement hérité de son talent. Chaque semaine, ses collègues du bureau se régalent de ses cupcakes colorés et autres brownies ultrafondants…

Lorsqu’elle se fait licencier par son futur ex-petit-ami, Izzy sent grandir en elle une idée folle : et si elle ouvrait son propre cupcake café ? Le projet est un peu risqué, le chemin semé d’embûches, mais lorsqu’elle découvre un magasin à louer dans une ruelle pavée, elle se lance dans l’aventure, et dans une nouvelle vie !

Aujourd’hui, je vais vous parler d’une lecture doudou, une lecture qui réconforte, qui fait du bien au moral en ces temps difficiles : Rendez-vous au cupcake café de Jenny Colgan. J’ai réellement passé un super moment aux côtés d’Izzy, Helena, Pearl et les autres personnages, tous tellement attachants.

Tout semble aller bien pour Izzy, mais ce n’est qu’une apparence. Son travail dans une grosse entreprise immobilière ne la fait pas vibrer, sa relation cachée avec Graeme, son patron, la rend de plus en plus malheureuse et la maladie de son grand-père gagne du terrain. Pour couronner le tout, des restrictions budgétaires causent le licenciement de plusieurs personnages dans l’entreprise d’Izzy, dont le sien. Mais cette mauvaise nouvelle va finalement être pour l’héroïne l’occasion de réaliser son rêve : ouvrir une pâtisserie.

"Elle contempla son reflet et soupira. On dirait qu'elle avait tricoté ses cheveux."

Izzy est une femme qui m’a beaucoup inspirée, dès les premières pages du roman. Malgré sa naïveté sur sa relation avec Graeme, on sent qu’elle a tout de même la tête bien sur les épaules et elle se donne les moyens de réaliser son rêve. Je me suis beaucoup attachée à elle tant sa gentillesse n’a pas de limites. Elle entretient de vraies relations sincères avec ses proches et c’est émouvant de la voir faire son possible pour distribuer du bonheur autour d’elle, notamment grâce à ses gâteaux. Ses collègues du Cupcake Café, Pearl et Caroline, m’ont beaucoup amusée à se chamailler. Elles sont très différentes d’Izzy et apportent un vrai plus à l’histoire, elles forment un joli trio. Austin est également un personnage que j’ai trouvé sympathique, même si j’aurais voulu qu’il soit plus entreprenant.

L’histoire est plutôt simple, on suit Izzy qui décide de suivre sa passion, transmise par Grampa Joe, son grand-père. J’ai bien aimé suivre les différentes étapes du projet. Ça permet de se rendre compte à quel point c’est un énorme travail de se lancer dans l’entrepreneuriat et a fortiori en choisissant un métier de bouche. Je trouve qu’Izzy réalise un formidable travail, ça donne presque envie de se lancer à son tour ! L’écriture de Jenny Colgan est extrêmement agréable, à la fois douce et amusante. Les descriptions du Cupcake Café sont particulièrement réussies à mon sens, ça donne terriblement envie de découvrir cet endroit et d’y manger une petite douceur. Toutefois, seule remarque négative, j’ai trouvé certains passages et certains traits de caractère des personnages un peu trop clichés. Mais ça ne m’a pas empêchée d’apprécier ma lecture !

"Des occasions s'offrent toujours aux gens biens."

Rendez-vous au cupcake café est donc une très belle lecture, qui m’a apporté de la douceur et une folle envie de faire des gâteaux. J’ai la suite dans ma PAL, ainsi que la saga de La petite boulangerie. J’ai hâte de les découvrir !

Elles sont quatre sœurs, âgées de 11 à 17 ans.

Antonia, l’aînée, découvre qu’elle est enceinte.

Marieke, elle, découvre le plaisir, le flirt… et le beau Basile.

Jolène est un cas à part. Son rêve : avoir enfin ses premières règles, celles qui la feront devenir femme !

Judy, la benjamine, découvre le collège, où comme à la maison, elle cherche sa place…

Entêtées et émouvantes, ces quatre sœurs vont feront voir la vie couleur Diabolo fraise !

Après avoir entendu beaucoup de bien de Diabolo fraise de la part de plusieurs blogueuses, je me suis laissée tenter en l’empruntant à la médiathèque. Et quelle excellente décision ! J’ai passé un moment tellement agréable en compagnie de la famille Martin, si attachante et parlante.

Nous suivons la vie de quatre sœurs : Antonia, Marieke, Jolène et Judy. Alors qu’Antonia, presque 18 ans, tombe enceinte par accident, Marieke, elle, découvre les plaisirs de la sexualité. Jolène, la troisième, est la plus intellectuelle de toutes. Malgré sa personnalité fascinante, elle complexe de ne toujours pas avoir ses règles à 15 ans. Enfin, Judy, la petite dernière, fait son entrée au collège. Mais rien ne se passe comme prévu pour elle, qui tente de trouver sa place. Si les sœurs sont extrêmement différentes les unes des autres, elles ont bien un point commun, celui de s’aimer plus que tout.

"Tu sais ce que je pense du charme ? C'est un truc à la con inventé par une moche pour se consoler de ne pas être canon."

Je ne saurais vous dire laquelle des sœurs j’ai préférée tant je me suis attachée fort à elles quatre, dès le départ ! En effet, je me suis retrouvée un petit peu en chacune d’elles. Antonia, qui m’a semblé être la plus douce de sa fratrie, m’a profondément émue (jusqu’aux larmes !). Son histoire est très forte et dépeint la situation de milliers de jeunes femmes. Les aventures amoureuses de Marieke sont à la fois amusantes et parlantes. La fougue de l’adolescente m’a amusée ; elle parle sans tabous de sujets trop souvent considérés comme tels, pour notre plus grand plaisir. Jolène, sous ses airs de « madame je sais tout » est elle aussi une adolescente touchante. Ses questionnements féministes sont bien amenés et collent parfaitement à sa personnalité. Judy m’a elle aussi beaucoup touchée. Sa naïveté d’enfant est émouvante, j’avais envie de la prendre dans mes bras, de la réconforter et de lui promettre que tout irait bien.

Ce qui fait la force de ce roman, au-delà des quatre sœurs, c’est le lien qui les unit. Sabrina Bensalah montre avec brio la complexité du lien fraternel. Entre chamailleries et coups bas, l’amour existe bel et bien. On passe de disputes sans queue ni tête entre les sœurs à de grands moments de tendresse. C’est beau à lire.

Les thèmes abordés, associés à chacune des sœurs, sont variés et amènent tous à réfléchir. Les filles parlent entre elles, et avec leurs parents, de grossesse adolescente, de règles, de poils, de masturbation, et de tellement d’autres choses ! Tout est juste, moderne, amusant et parlant. La plume de l’autrice est incroyable pour cela. Comme on dit, c’est nature peinture.

Diabolo fraise est donc une excellente lecture et même, un coup de cœur ! On ne s’ennuie pas une seule seconde et on en regrette qu’il y ait une fin ! C’est un superbe roman, qui ne tombe jamais dans la caricature et qui parle à toutes. Une pépite.

Alice a soif d’aventures et se sent à l’étroit dans la bonne société anglaise. Aussi s’empresse-t-elle d’épouser le bel Américain qui succombe à son charme, saisissant l’occasion d’un nouveau départ. Mais le rêve américain est mis à rude épreuve dans la petite ville du Kentucky où elle atterrit, et les désillusions de la vie conjugale ne se font pas attendre. Lorsqu’un projet de bibliothèque itinérante voit le jour, Alice se porte volontaire : c’est l’occasion rêvée d’échapper à son quotidien étouffant. Elle se lie alors d’amitié avec quatre bibliothécaires, parmi lesquelles la fascinante Margery, qui n’a peur de rien ni de personne. Ensemble, elles sillonnent à cheval les montagnes du Kentucky pour apporter des livres dans les zones les plus reculées, bravant tous les dangers. Mais s’il y a bien une chose dont ces porteuses d’histoires ne manquent pas, c’est du courage.

Jubilee Jenkins est allergique au contact humain et se cloître chez elle. Pourtant, à la mort de sa mère, elle doit affronter le monde et se réfugie à la bibliothèque municipale, où elle trouve un travail. Elle y rencontre Eric Keegan, un homme divorcé qui vient de s’installer en ville avec son fils adoptif. Bien qu’Eric ne comprenne pas pourquoi Jubilee le tient à distance. Il est sous le charme.

La première fois qu’on m’a embrassée, je suis morte est un titre qui m’a intriguée dès que je l’ai vu : on peut clairement dire que j’ai lu ce roman grâce à son titre ! Je ne regrette absolument pas ce choix de lecture sur un coup de tête car j’ai beaucoup aimé ce roman, grâce à une histoire hors du commun et des personnages attachants.

Le roman est à deux voix. Tout d’abord, nous avons celle de Jubilee Jenkins, une femme qui vit cloitrée chez elle depuis des années car elle souffre d’une terrible allergie : Jubilee est allergique aux humains. Le moindre contact avec la peau d’autrui peut la tuer. Après neuf ans sans mettre un pieds dehors, Jubilee est contrainte de renouer avec le monde car elle n’a plus d’argent pour vivre, suite au décès de sa mère. La seconde voix du roman est celle d’Eric Keegan, papa d’une adolescente et d’un petit garçon qu’il a adopté, Aja. Eric a bien du mal à gérer les relations avec ses deux enfants et a l’impression d’être impuissant, de ne pas pouvoir les aider. Les deux narrateurs vont finir par se rencontrer pour le meilleur… et le pire !

« Si j’ai appris une chose, c’est que l’amour est chaotique. Il ne nous est pas livré dans un joli paquet-cadeau. Il ressemble plutôt au cadeau d’un enfant, tout froissé et gribouillé au crayon. Imparfait. Mais toujours un cadeau. Seulement, tous les cadeaux ne sont pas faits pour durer éternellement. »

Jubilee est un personnage que j’ai aimé dès les premières pages. Forcément, son histoire m’a touchée. Même si elle essaye de ne pas le montrer, on sent bien que la solitude dans laquelle elle vit depuis longtemps la rend malheureuse. Sa transformation entre le début du roman et la fin est impressionnante. Et que c’est plaisant de la voir se révéler aux autres, au monde ! C’est une autre Jubilee que nous découvrons à la fin. Eric est lui aussi un personnage sympathique. Le pauvre, il a vraiment du mal avec ses deux enfants et se retrouve plusieurs fois dans des situations bien compliquées. Mais il ne lâche et j’ai admiré sa combativité sans fin. L’amitié qui naît entre Jubilee et Eric est plaisante à suivre. Ils sont si différents mais se comprennent pourtant si bien.

Le sujet de l’allergie de Jubilee est très intéressant car il va bien plus loin que la simple « maladie ». En effet, l’autrice montre parfaitement bien à quel point les contacts physiques sont précieux pour grandir et se construire. C’est terrible d’imaginer une personne n’ayant pas eu de bisou, de câlin, de geste tendre depuis ses 6 ans. En ce sens, Jubilee est maladroite dans ses rapports aux autres, et c’est bien normal. J’ai également aimé la façon dont les relations familiales sont abordées. On voit bien que la perfection dans une famille n’existe pas. Il y a (et aura) toujours des désaccords, des malentendus, des moments de tension. Mais, au final, cela n’empêche pas l’amour d’être là. C’était chouette de voir ces relations évoluer au fil des chapitres. Si l’écriture de Colleen Oakley est agréable, j’ai trouvé certains passages un peu longs. Ça manque parfois de dynamisme.

« Aimer les gens, leur faire confiance… C’est toujours prendre un risque. Mais il n’y a qu’une façon de découvrir si ça valait le coup. »

J’ai donc passé un bon moment avec ce roman. L’histoire de Jubilee m’a réellement touchée et je me suis prise d’affection pour le duo qu’elle forme avec Eric. J’ai vu qu’il existait une suite à cette histoire, je suis bien curieuse de la découvrir !