Résumé

Noémia a dix-neuf ans, Tristan en a vingt et un.

Ils se croisent tous les jours, ils se plaisent, c’est évident.

Mais Noémia est étudiante et Tristan est sans-abri.

Entre eux, il y a le froid, la société ; entre eux, il y a la rue… qui pourrait se révéler difficile à traverser.

Mon avis

Je remercie chaleureusement Babelio et les Éditions Hachette pour l’envoi du roman dans le cadre d’une Masse critique privilégiée.

C’est avec une copine sur Bookstagram @readmeanywhere que j’ai découvert La rue qui nous sépare, le premier roman de Célia Samba. Je suis ravie d’avoir fait une lecture commune pour ce roman car on a pu partager les émotions que nous ressentions au fur et à mesure que l’on avançait : l’histoire nous a profondément touchées.

Un monde sépare Noémia et Tristan. La première est étudiante en droit et vit en colocation dans un très bel appartement avec ses cousins. Le second est sans-abri et vit de la générosité des passants. Un jour de décembre, les yeux de Noémia se posent sur le jeune homme. Sans se l’expliquer, elle ressent une profonde attirance pour lui. Elle a envie d’apprendre à le connaître. Leurs échanges commencent par un regard, puis par un sourire, puis un « bonjour ». Progressivement, leur relation évolue et devient une jolie amitié… À moins que ça ne soit plus que ça ?

« Cette fille était l’étincelle dans sa vie, l’un des derniers fils qui le reliaient aux autres. Celle qui se rapprochait le plus d’une amie. Elle lui rappelait que la terre portait aussi des âmes nobles, qu’il demeurait un être humain lorsqu’il croyait devenir une bête. »

La double narration choisie par l’autrice nous permet de plonger dans les pensées de Noémia comme dans celles de Tristan. C’est donc sans grande surprise que je me suis beaucoup attachée aux deux personnages. J’ai adoré découvrir leur personnalité, leur façon de voir le monde. Mia est très attendrissante. Elle a vécu des choses difficiles en seulement 19 ans d’existence et elle s’est construit une carapace pour ne plus souffrir. C’est un plaisir de la voir se révéler au contact de Tristan. Les questions qu’elle se pose sur lui sont parfaitement légitimes, je pense, mais elles ne l’empêchent pas d’oser tisser un lien avec lui. Certains passages où Tristan est la narrateur sont éprouvants à lire. On est confrontés à la réalité pure et dure d’un jeune adulte qui vit dans la rue. À de nombreuses reprises, l’injustice du monde m’a paralysée. Comment survivre à tout cela à seulement 21 ans ? La relation entre Mia et Tristan est loin d’être évidente. Ils savent que tout les oppose et pourtant, ils essayent d’avancer ensemble, luttant contre les incertitudes. Ils avancent à tâtons, effrayés de tout gâcher. J’ai profondément aimé les voir se découvrir avec tant de douceur, de délicatesse.

Avec La rue qui nous sépare, Célia Samba nous met face à la réalité d’un sans-abri. Devoir chercher quotidiennement un abri pour passer la nuit, se lever aux aurores pour éviter les agressions, devoir « sympathiser » avec des gens abominables pour passer une nuit au chaud… Certaines scènes provoquent un réel malaise. On sait ce que vivent les sans-abris et pourtant, nous passons à côté d’eux sans nous arrêter, sans même parfois sourire. Avec @readmeanywhere, nous avons beaucoup échangé sur ça, sur cette réalité qui nous pousse à revoir notre comportement.

« Ne laisse pas leur manque d’humanité te faire perdre la tienne. »

Lecture douce grâce aux magnifiques personnages que sont Mia et Tristan mais aussi lecture coup de poing qui nous confronte avec la réalité des sans-abris. Un coup de cœur qui ne laissera personne indemne, bravo Célia Samba pour cette pépite !