La dislocation, ovni de la rentrée littéraire

septembre 23, 2020

 


Une jeune femme sort de l'hôpital, dépossédée de son identité et de son passé. Elle voue une haine farouche aux psychiatres, fréquente les magasins de bricolage. Il lui arrive même de crever les pneus des voitures.

Temporairement amnésique, absolument indocile, elle veut repeupler sa mémoire et pour cela, doit enquêter. Un homme va l'y aider, sans rien lui souffler : Camille, dit K, ami et gardien d'un passé interdit.

Le souvenir d'un désert entouré de vitres, une fonction exercée au ministère de l'Agriculture, une bible restée ouverte au chapitre du Déluge forment un faisceau de sa vie d'avant. Quelques démangeaisons et une irrépressible envie de décortiquer le monde et les êtres qu'elle croise hantent ses jours présents.

Sa rencontre avec Wajdi, envoûtant et révolté, marquera son cœur et son esprit. Ce sera avant de gagner la Bretagne et, peut-être, de parvenir à combler les énigmes de son histoire prise au piège de l'oubli.



Je remercie Babelio et les éditions Harper Collins pour l'envoi de ce livre.

La dislocation est un roman de cette rentrée littéraire qui a fait pas mal de bruit. Pour la petite anecdote, le jour-même où je recevais ce roman, il y avait également dans ma boite aux lettres le dernier Causette et, dedans il y a un très bel article sur l'autrice, Louise Broaweys, et ce roman. J'étais donc très curieuse de découvrir ce qui se cachait derrière cette histoire au résumé intriguant.

Nous suivons le retour d'une jeune femme (dont nous connaîtrons le prénom à la fin du roman) chez elle, après de longs mois à l'hôpital. En arrivant chez elle, tout lui semble inconnu. En effet, elle a perdu la mémoire. L'héroïne se lance alors dans une quête, celle de retrouver qui elle est et ce qu'elle a vécu. Pour l'aider, elle s'appuie sur K, de son vrai nom Camille, un soi-disant voisin. Mais ce chemin pour retrouver la mémoire est douloureux et laborieux et va mener l'héroïne dans des routes insoupçonnées.

"Elle n'est pas inerte, la nature, elle est vivante et déchaînée ! Notre monde a déclaré la guerre à la nature. Tu comprends ? J'ai un sentiment d'impuissance face à l'ampleur de la menace. J'ai peur de ce qui vient et de ce qu'Aurélien devra vivre, je me sens découragée devant les souffrances, le pillage, l'atteinte aux générations futures, l'engourdissement psychique et la surdité face à l'état de notre monde..."

L'héroïne de ce roman ne ressemble à aucune autre, c'est la première fois que je tombais sur un tel personnage dans mon parcours de lectrice. Elle est extrêmement complexe et cette difficulté à la cerner est évidemment liée à son histoire personnelle : comment comprendre un personnage quand lui-même ne sait pas qui il est ? Être constamment dans sa tête a été assez compliqué pour moi car c'est une femme qui semble étrangère à toute notion de bonheur. Ses pensées pessimistes sont anxiogènes par moment et j'avais du mal à poursuivre ma lecture. En ce sens, je ne me suis pas particulièrement attachée à elle et je n'ai pas ressenti d'empathie pour elle, malgré son triste passé que l'on découvre au fil des pages. J'ai eu du mal à apprécier les autres personnages, que je trouve tous trop sûrs d'eux. Ils ont l'air de tous détenir la science infuse et de tout savoir du monde. Leur non remise en question m'a agacée.

Le scénario est lui aussi étrange : parfois, j'étais happée par l'histoire et d'autres fois, je m'ennuyais fermement. Par ailleurs, il y avait tant d'idées différentes que je finissais par me perdre. C'est peut-être voulu pour l'autrice mais personnellement, ça m'a éloignée de l'histoire. Le roman aborde des thèmes essentiels, qui dessinent un avenir alarmant pour l'humanité. Louise Broaweys met en avant les travers des humains, les dégâts qu'ils causent à la planète. Si ces mises en garde sur le danger qu'on fait courir à la Terre m'ont beaucoup intéressées, d'autres points m'ont énormément dérangée, notamment ceux sur la place des individus de sexe masculin. Je trouve que certaines idées sont vraiment extrêmes et je ne me suis absolument pas reconnue en elles.

"Mais tout est secret. Oui, tout est secret. Nous avons tellement besoin de secrets que nous en créons en permanence, comme des confitures. Il faut en mettre partout, pour combler les trous. Inventer des secrets pour le bonheur de les éventer ensuite."

Enfin, c'est indéniable, Louise Broaweys possède une plume forte et piquante. Certains passages sont d'une grande beauté. Néanmoins, son écriture m'a perdue à plusieurs reprises. Et, à chaque fois, j'avais du mal à raccrocher les wagons avec tout ce que j'avais lu précédemment. J'ai une sensation d'inachevé avec ce roman, comme si j'avais couru derrière une vérité qui, au final, ne m'a pas convaincue et me semble erronée.

Avec La dislocation, il est certain que je suis sortie de ma zone de confort littéraire. J'ai découvert un curieux roman, aux personnages difficiles à cerner, à la narration éprouvante et aux messages intéressants mais un peu trop extrémistes à mon goût. Peut-être suis-je trop optimiste pour réellement apprécier un tel livre !

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2 commentaires

  1. Je n'avais jamais entendu parler de ce livre jusqu'à maintenant.
    En tout cas, ce n'est pas du tout mon style de lecture donc je ne pense pas le lire.
    Merci pour la découverte :)

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