mercredi 24 avril 2019

Les heures souterraines - Delphine de Vigan



Mathilde et Thibault ne se connaissent pas. Au cœur d'une ville sans cesse en mouvement, ils ne sont que deux silhouettes parmi des millions. Deux silhouettes qui pourraient se rencontrer, se percuter, ou seulement se croiser. Un jour de mai.
Les heures souterraines, qui fut finaliste pour le prix Goncourt, est un roman vibrant sur les violences invisibles d'un monde privé de douceur, où l'on risque de se perdre, sans aucun bruit.




Je ne savais pas trop quoi lire alors j'ai choisi de me replonger dans Les heures souterraines, un roman court de Delphine de Vigan que j'avais déjà lu il y a quelques années et qui m'avait marquée. Une fois encore, j'ai beaucoup apprécié cette lecture et même plus que la fois d'avant car, depuis, j'ai découvert le monde de travail alors j'ai pu me mettre plus facilement à la place des personnages, et surtout de Mathilde. De plus, il m'est arrivé deux drôles de coïncidences lors de mes deux lectures. La première fois que j'ai lu Les heures souterraines, c'était dans le train. A un moment, Mathilde est à une station de RER et pile quand je lis ce passage, je traverse cette même station. Lors de la deuxième lecture, j'étais encore dans le train (je passe ma vie dedans). Mon RER s'arrête en pleine voie. Pile à ce moment, je lis un passage où le RER de Mathilde s'arrête lui aussi en pleine voie et nous avons toutes les deux le droit au fameux "Nous informons les voyageurs que le train est arrêté en pleine voie. Nous vous prions de ne pas tenter d'ouvrir les portes". C'est quand même surprenant ces hasards...

"- A partir de quand on est en couple ?
- Quand on pense à l'autre tous les jours, quand on a besoin d'entendre sa voix, quand on s'inquiète de savoir si il ou elle va bien. Quand on est capable d'aimer l'autre tel qu'il est, quand on est seul à voir ce qu'il peut devenir, quand on a envie de partager l'essentiel. Quand cela devient plus important que tout le reste."

Nous suivons les quotidiens de Mathilde et Thibault, tous les deux pris dans le tourbillon de la vie parisienne. Tandis que Mathilde, veuve et mère de trois enfants, se fait harceler au travail par son patron, Thibault est médecin urgentiste et amoureux d'une femme qui ne le rendra jamais heureux. Ces deux individus que tout oppose ont quelque chose en commun : cette peine qui rend leur lever un peu plus difficile chaque matin. Ces deux âmes perdues vont-elles se rencontrer ? C'est la question que l'on se pose tout au long de notre lecture...

J'ai profondément été émue par le personnage de Mathilde. Elle menait une belle carrière jusqu'au jour où elle ose contredire son patron. C'est le début de la fin. Alors, son supérieur ne cesse de la dénigrer, elle et son travail. Au début, j'étais un peu agacée de voir Mathilde se laisser faire et ne pas oser répliquer. Mais j'ai vite compris que l'on ne peut pas juger une personne victime de harcèlement moral au travail car on saura jamais ce qu'elle ressent tant qu'on ne le vit pas soi-même. J'aurais tellement voulu traverser l'histoire et aller l'aider. Cette femme est émouvante et attachante, on ne peut que lui souhaiter de s'en sortir et de renouer avec le bonheur. Thibault aussi est un personnage auquel on s'attache. Désespérément amoureux de Lila, qui ne l'aime pas en retour, il s'enfonce dans le travail, pour penser le moins possible à sa peine de cœur. C'est rare de lire un roman où l'on assiste au chagrin d'un homme.

"A trente ans, elle a survécu à la mort de son mari. Aujourd'hui elle en a quarante et un connard en costume trois pièces est en train de la détruire à petit feu".

Il n'y a pas de grandes péripéties dans le roman puisqu'on suit simplement les vies de nos deux personnages. Mais cela n'empêche pas l'envie de dévorer l'histoire, pour savoir s'ils vont s'en sortir ou non. Delphine de Vigan montre avec brio comment le harcèlement au travail fonctionne et comment il détruit les victimes. Elle trouve les mots justes pour décrire l'horreur qui existe dans certaines entreprises. Ça fait réellement peur. Je pense que le message à retenir de ces destins croisés est qu'il ne faut pas avoir peur de demander de l'aide, jamais.

J'ai donc adoré Les heures souterraines même si l'histoire est loin de nous faire sourire et de nous faire rêver. Au contraire, elle montre un pan de la société qu'on ne connaît peut-être pas très bien. Justement, c'est bien d'en savoir plus dessus pour être capable de s'en sortir si jamais on est confrontés à une telle situation. Un beau roman, qui devrait être lu par tout le monde, surtout qu'il n'est pas très long !


2 commentaires:

  1. En effet, les deux coïncidences sont plutôt troublantes ^^
    Ta chronique est parvenue à me donner envie de découvrir ce roman de l'auteure mais je pense d'abord lire celui se trouvant déjà dans ma PAL :)
    Cependant, je note celui-ci !

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    1. Quel est le roman qui se trouve dans ta PAL ?
      J'espère que Les heures souterraines te plaira lorsque tu le découvriras :)

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