1957. Daniel Matheson passe l'été à Madrid avec ses parents. Passionné de photographie, il espère découvrir le pays de naissance de sa mère par le viseur de son appareil. Dans l'hôtel Castellana où s'installe la famille Matheson travaille la belle et mystérieuse Ana. Daniel découvre peu à peu son histoire, lourde de secrets, et à travers elle le poids de la dictature espagnole. Mais leur amour est-il possible dans un pays dominé par la peur et le mensonge ?
Je peux enfin le dire : j'ai lu Hôtel Castellana, ce roman absent des librairies près de chez moi et que j'ai fini par trouver un peu au hasard dans une petite librairie à Narbonne, à plus de 700 kilomètres de mon domicile ! Il y a plusieurs années, j'ai découvert la plume de Ruta Sepetys avec Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre, un roman qui m'avait bouleversée. Lorsque j'ai appris que son nouveau roman avait pour sujet l'Espagne franquiste, je n'avais plus qu'une idée en tête : le lire. Il faut dire que les avis élogieux que j'ai vus un peu partout dessus ont rendu mon envie encore plus forte.
"Ne pas poser de questions. On dirait que c'est la devise de l'Espagne".
Hôtel Castellana, c'est l'histoire de deux mondes complètement différents qui se rencontrent en 1957, alors que l'Espagne est sous la coupe du généralissime Francisco Franco. Il y a d'abord celui d'Ana, une jeune femme qui travaille dans un hôtel luxueux, l'hôtel Castellana, à Madrid. Elle vit avec sa grande sœur Julia, son beau-frère Antonio, sa nièce Lalie (<3) et son frère Rafael. La famille habite dans un quartier délabré et manque cruellement d'argent pour vivre correctement.
Il y a ensuite le monde de Daniel, un jeune américain de 18 ans, qui passe l'été à Madrid avec ses parents. Le futur de Dan semble tout tracé : son père veut qu'il reprenne l'entreprise pétrolière familiale. Mais Dan, passionné de photographie, a d'autres projets. Finaliste d'un grand prix de photographie qui pourrait lui permettre de se payer une école de journalisme, il immortalise avec son appareil photo l'Espagne de Franco, celle qui tremble devant la Guardia Civil. Nos deux jeunes héros vont donc se rencontrer et nouer une jolie relation, qui bouleversera plusieurs destins.
Si Ana et Dan sont deux personnages exceptionnels que j'ai admirés, j'ai profondément aimé la majorité des personnages. En effet, je trouve qu'ils apportent tous quelque chose à l'histoire. Ana est une jeune femme qui m'a plu dès les premières pages. J'ai aimé sa douceur et sa gentillesse, qui ne l'empêchent pas d'avoir un fort caractère. On comprend rapidement que le passé de sa famille pèse lourdement sur ses épaules et qu'elle fait absolument tout pour préserver ses proches. Sa résilience est impressionnante. Ana m'a touchée, mais réellement touchée. C'est le genre de personnages qui donne envie de s'accrocher, peu importe la difficulté du quotidien. Dan est également un protagoniste plaisant. Sa curiosité m'a beaucoup plu : on voit bien qu'il est touché par les terribles choses qui se passent devant ses yeux et qu'il a envie de comprendre et de montrer aux autres que Franco n'a pas sauvé l'Espagne, bien au contraire.
"La peur apporte une nouvelle dimension à nos vies. Sans la peur, nous ne trouverions jamais notre courage".
La narration des chapitres alterne entre Ana, Dan mais aussi d'autres personnages comme Rafa ou Puri. Nous sommes faces à une diversité des protagonistes qui sont autant de témoignages différents sur ce qu'est la vie dans l'Espagne d'après guerre civile. La fougue et la jeunesse de Rafa en font un garçon extrêmement sympathique. Puri, la cousine d'Ana, travaille dans un orphelinat et découvre que les enfants recueillis ne sont pas tous des enfants abandonnés. Ses questionnements sur sa propre famille et ses origines sont bouleversants.
Que dire au niveau de l'histoire, si ce n'est que j'ai littéralement adoré du début à la fin ? Je me suis passionnée pour cette intrigue, qui m'a appris tant de choses sur le passé si proche de notre pays voisin, un passé à peine effleuré dans nos cours d'histoire. C'est tellement dommage. Hôtel Castellana est une mine d'or pour apprendre des éléments sur l'histoire espagnole. Entre chaque chapitre, nous avons des extraits d'articles de presse et d'autres documents réels, qui témoignent un peu plus de l'Histoire. Ruta Sepetys nous dépeint avec brio l'Espagne de 1957, celle des jeunes hommes qui rêvent de devenir torero, celle qui enferme les femmes et les prive de nombreuses libertés, celle qui traque les Républicains, celle qui terrorise sa population grâce aux "corbeaux". Le travail de recherche de l'autrice est immense. A la fin de l'histoire, on a quelques pages où ce travail est expliqué. Il a fallu plus de huit ans à Ruta Sepetys pour écrire ce roman.
"Estamos mas guapas con la boca cerrada".
Vous l'aurez compris, Hôtel Castellana est un gros coup de cœur. C'est un roman captivant et émouvant. Il révèle des choses sur ce pan de l'histoire espagnole qu'on n'aurait pas soupçonnées. Il est glaçant à certains moments, tant les horreurs du régime franquiste sont grandes. Les personnages sont travaillés avec précision. La plume de l'autrice est un délice et nous transporte parfaitement dans les rues chaudes et vibrantes de Madrid, cette ville que j'ai tant aimé découvrir il y a deux ans. L'histoire d'amour est douce et inspirante. Ce roman est une merveille, ça faisait très longtemps que je n'avais pas eu un tel coup de cœur. Je n'ai plus qu'une seule chose à dire : lisez-le !!!
Oh la la, tu n'imagines pas à quel point je suis contente de lire ton avis ! Tu présentes très bien les points forts de ce roman (mais a-t-il vraiment des points faibles ?😂), qu'il s'agisse des personnages, de l'histoire, de tout ce qu'on y apprend. C'est vraiment une excellente lecture et j'espère que beaucoup pourront la découvrir ! Comme toi, je regrette qu'on en sache pas plus sur l'histoire de l'Espagne lors de notre scolarité (j'ai fait une classe européenne espagnole alors je connaissais déjà les grandes lignes mais ce n'est pas le cas de tout le monde!) :/
RépondreSupprimerJe ne vois vraiment aucun point faible... Nous sommes des bonnes ambassadrices pour ce roman hihi
SupprimerMais quelle magnifique chronique, si j'hésitais (encore) à le lire (quand on voit un livre de partout, je suis plus tentée au bout d'un moment xD), c'est terminé là :3 En plus c'est l'autrice de Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre oh lala... (Quelle histoire bouleversante oui !...)
RépondreSupprimerMerciii pour ce super partage *-* !!
Merciiii pour ton gentil commentaire ! J'ai adoré ce livre et écrire cette chronique alors je suis contente qu'elle te plaise :D <3
SupprimerJ'avais adoré Le sel de nos larmes de la même autrice ! J'ai une furieuse envie de découvrir Hotel Castellana et ta chronique ne peut que me donner encore plus envie :)
RépondreSupprimerJe n'ai pas lu Le sel de nos larmes, faudrait que je me lance !!
SupprimerJ'espère que tu vas vite assouvir cette furieuse envie *-*